Pour une M.E.U.F s’engage en faveur de la PMA pour tou·te·s

Un des arguments majeurs des opposant·e·s à l’ouverture de la PMA (Procréation Médicalement Assistée) pour tou·te·s est basé sur une opposition supposée entre « médical » et « revendication sociétale ».

Brandir le panneau du médical serait-il une tentative de passer sous silence les véritables motivations de leur combat : l’homophobie et la volonté de contrôler l’accès à la parentalité ?

Dans leurs éléments de langage, on peut entendre en boucle que la PMA est une réponse médicale à des problèmes d’infertilité d’ordre médical que peuvent rencontrer des couples. En voulant l’ouvrir à tou·te·s, nous tenterions de changer l’esprit de la Loi en en faisant une réponse à des choix personnels plutôt qu’à des pathologies.

En tant que soignant·e·s, nous savons que cet argument ne tient pas face à la réalité de la PMA et de ses prises en charges. Cependant, pour le grand public qui n’est bien souvent pas au courant de cette complexité, la tentation est grande d’adhérer à ce discours d’une apparente logique implacable.

Il nous semble primordial de permettre à tou·te·s de prendre conscience, au travers d’exemples précis, de la mauvaise foi de cet argument.

1/ Les infertilités inexpliquées

Les conditions pour avoir accès à la PMA actuellement sont d’être un couple hétérosexuel marié (ou pouvant prouver deux ans de vie commune) et dont l’infertilité a été médicalement constatée. Mais médicalement constatée ne veut pas dire qu’ils/elles ont forcément un problème médical prouvé… Dans le rapport de l’Inserm sur les troubles de la fertilité, les études citées donnent entre 8 et 30% d’infertilité inexpliquée chez les couples qui consultent. (Inserm 2017)

Exemple : Aïssa et Thom essaient d’avoir un enfant depuis deux ans. Leur bilan d’infertilité ne met pas en évidence de problème. Pourtant ils peuvent bénéficier d’une prise en charge en PMA. Donc on peut aider Aïssa et Thom à procréer alors même que leur bilan d’infertilité n’a rien démontré.

La PMA est donc déjà ouverte à des situations dans lesquelles aucune pathologie n’a été détectée par le corps médical.

2/ Les infertilités unilatérales

De la même façon, un couple dont seulement l’un des deux partenaires présente un trouble entraînant un risque d’infertilité aura accès aux techniques de PMA.

Exemple : Inès et Richard, en couple, n’arrivent pas à avoir d’enfants. Le bilan d’Inès fait état d’une très bonne fertilité sans aucun trouble apparent. Mais celui de Richard détecte une azoospermie (absence de spermatozoïdes) qui, après exploration, n’est pas traitable. Ce couple pourra bénéficier de la PMA et un don de sperme pourra leur être proposé.

Dans ces cas, qui représentent la majorité des prises en charges, la PMA apporte une réponse à des couples dont l’un des partenaires ne présente aucun souci, pour pallier l’infertilité du second. Personne ne songerait à demander à Inès de changer de partenaire pour avoir un enfant « naturellement ». Pourtant, il n’est pas rare d’entendre de la part des opposant·e·s que les couples lesbiens étant par essence infertiles, les lesbiennes devraient « choisir » entre leur désir de maternité et leur partenaire…

La voisine d’Inès et Richard, Mathilde, est en couple avec Sophie et souhaiterait avoir un enfant. Etant deux femmes, elles n’auront cependant, elles, pas droit à la PMA.

L’accès à la PMA n’est donc pas une simple réponse médicale, mais comprends déjà, dans son essence même, des considérations sociétales.

3/ Les doubles dons

A l’inverse, il y a certains cas où malgré une infertilité médicale constatée, la PMA est pourtant impossible.

Exemple : Sylvie et Igor rencontrent tous les deux des problèmes liés à leurs gamètes et la solution pour eux serait le recours à un double don de gamètes (don d’ovocyte et don de sperme). Or le double-don est interdit, ils n’ont donc pas accès à la PMA.

Il existe donc des cas où la PMA est refusée à des personnes présentant des troubles médicalement constatés, alors même que les solutions existent.

4/ Quand la situation personnelle l’emporte sur le médical

Que dire alors des couples lesbiens ou des femmes célibataires qui rencontrent des problèmes médicaux entraînant une infertilité ? Ce sont des femmes qui peuvent comme les autres y être confrontées…

Exemple : Leila est en couple avec une femme et souffre d’endométriose qui fragilise sa fertilité. Elle ne pourra cependant pas bénéficier d’une prise en charge en PMA, puisque sa moitié s’appelle Nina. Rappelons-nous que Inès, en couple avec Richard, était accueillie sans soucis dans le circuit malgré sa très bonne fertilité.

On est là dans une inégalité manifeste où une femme présentant un trouble reconnu affectant sa fertilité et suivie par des équipes naturellement à même d’accompagner en parcours PMA (les gynécologues des réseaux endométrioses sont souvent agréés pour des suivis de PMA), sera pourtant refusée par le système, uniquement sur le critère du sexe de sa partenaire.

Les critères pour proposer la PMA ne sont donc pas exclusivement médicaux, mais reposent aussi sur une politique discriminatoire.

En rappelant au-travers de ces exemples la réalité des inégalités de la PMA, nous souhaitons souligner que son ouverture à tou·te·s n’est pas une revendication d’extension des droits. Elle vient réparer une injustice bien en place dans un système où ce n’est pas la condition médicale qui prime mais plutôt le jugement porté sur le choix des femmes quant à leur partenaire de vie ou l’absence de partenaire.

Dans ces conditions, nous estimons qu’il faut rétablir une égalité entre toutes les femmes, sans nuances de remboursement, la mise en place du double-don et la possibilité de conserver ses gamètes.

Suivre et partager!
Retour en haut
RSS
Follow by Email